Saynète : Revivez Noël au Cœur de la Provence

nov. 12, 2024 0 comments
Une crèche avec des santons pour illustrer un conte de Noël

En Languedoc, au cœur de la région provençale, dans un petit village, Noël prend des accents particuliers, où l’histoire se mêle à la tradition et à l’âme chaleureuse des santons de Provence. Dans cette crèche vivante, les personnages se succèdent, apportant chacun un don symbolique à l’Enfant Jésus. De l'innocence des bergers à la générosité des villageois, chaque geste raconte une histoire de partage, de rédemption et d’espérance. 

Source inconnue. Mise en page par KT42.

Saynète : Revivez Noël au Cœur de la Provence

  • Un berger arrive au micro et s’adresse au public.

Le vieux berger : Bonnes gens, puisque vous êtes ce soir rassemblés ici, je m’en vais vous conter une histoire ! Chez nous en Languedoc, Bethléem ça se dit BETHELEM. Alors je vais vous raconter Noël comme s’il s’était passé en Languedoc à Béthélem, dans un petit village tout près de Pézenas. Les premiers qui sont venus, c’est nous, les bergers…

  • Un berger s’avance portant un agneau dans ses bras et le présente à Marie et Joseph.

Le berger : Monsieur Joseph, Madame Marie, c’est pour le petit ! Bien sûr il ne peut pas encore manger, mais la laine vous sera utile pour le réchauffer.

Marie : Merci berger, nous le garderons en souvenir de toi.

Joseph Notre fils aussi sera berger, mais lui, sera le berger des hommes…

  • Le berger garde l’agneau dans ses bras et va se placer derrière.

Le vieux berger : Puis voici Ambrosin le menuisier et Ambrosine sa femme, ils sont vieux et viennent apporter le berceau qu’ils gardaient depuis longtemps.

  • Ambrosin et Ambrosine avancent doucement et présentent un berceau.

Ambrosine : Voilà le berceau que depuis tant d’années je rêvais de lui offrir.

Ambrosin : Moi je lui ai dit : « Monsieur Joseph aussi il travaille dans le bois, des berceaux il pourra lui en fabriquer lui-même et des plus beaux ! Offrons-lui plutôt autre chose ! » Mais…

Marie : Elle a eu raison, Ambrosin. Car ce berceau, il n’est pas comme les autres, c’est le berceau de toute une longue vie d’espérance et de bonté. C’est le berceau de toute votre vie Ambrosin, Ambrosine.

  • Ils gardent le berceau et vont se placer derrière.

Le vieux berger : Puis voici l’aubergiste Bouscaillou, celui qui n’a pas voulu recevoir Joseph et Marie chez lui.

  • Bouscaillou avance honteux en portant un pot à lait, les autres chuchotent en le montrant du doigt…

Bouscaillou : Vous me reconnaissez ?

Joseph : Ah oui, vous êtes l’aubergiste…

Bouscaillou : Aïe, aïe, aïe! Eh ben, je suis pas fier de moi ! Allez aussi, si vous m’aviez dit…

Joseph : Si je te l’avais dit, tu ne m’aurais pas cru !

Bouscaillou : C’est ben vrai ! Mais alors comment se fait-il que maintenant je crois ? Et comment ça se fait que moi qui ne quitte jamais mon auberge, je sois venu jusqu’ici pour voir cet enfant… Tè, vé, je cherche pas à comprendre, je vous ai apporté du lait de l’auberge pour ce petit !

  • Il se place sur le côté et regarde arriver le meunier et lui serre la main étonné.

Le vieux berger : Et voici qu’arrive le meunier.

  • Le meunier s’avance en portant un gros sac de farine.

Le meunier : Moi non plus je cherche pas à comprendre. Parce qu’avare comme je suis (l’aubergiste acquiesce avec la tête et la main), de me trouver là avec un sac de farine en cadeau… En cadeau, vous vous rendez compte ! Je ne me reconnais plus ! Mais en plus je le fais d’un cœur léger, moi qui pourtant souffre le martyre chaque fois que je paye mes impôts ! Non je ne me reconnais plus.

Marie : Cet enfant est venu pour vous délivrer de votre malheur ! Et votre malheur à vous deux, c’est votre argent !

  • Ils gardent leur cadeau et vont se placer derrière.

Le vieux berger : Et maintenant voici le viticulteur… et le boulanger !

  • Ils s’avancent tous les deux.

Le viticulteur : Je vous ai apporté ce vin fruit de la vigne et du travail des hommes. C’est une cuvée exceptionnelle pour le petit.

Le boulanger : Voilà mon pain, il a été pétri, façonné, levé et cuit à la sueur du travail des hommes ! Attention, il est encore chaud, tout juste sorti du four !

Joseph : Je vous remercie tous les deux !

  • Ils gardent leur cadeau et vont se placer derrière.

Le vieux berger : Tiens! Voilà le fada… Il vivait tout seul dans ses rêves et ne voyait pas les autres, ne les comprenait pas !

  • Le fada s’approche en courant les bras au ciel, trébuche, se relève, rigole toujours les deux bras levés !

Le fada : Bonne mère ! Que de monde ! Que ces gens sont beaux ! (Il regarde l'assemblée et montre les santons du doigt) Il me semble que tout d’un coup je comprends tout ! J’étais seul, je ne voyais que du vide autour de moi, j’étais triste ! Oh merci petit ! Cette nouvelle vie que tu m’as donnée me paraît si belle, je ne la gâcherai pas, tu peux en être sûr !

Marie : C’est surtout pour cela qu’il est venu : pour que les esprits ne soient plus vides et désespérés !

  • Il se place à genoux sur le bord. Puis Marie regardant vers le fond interpelle quelqu’un :

Marie : Et vous ?

  • En restant au fond les voleuses crient :

La voleuse 1 : Nous on n’est pas du beau monde!

La voleuse 2 : On n’est pas venu pour donner mais pour voler !

Marie : Approchez !

  • Elles s’approchent alors de la crèche.

Joseph : Et qu’avez-vous donc volé ?

La voleuse 1 : Rien !

La voleuse 2 : n n’a pas pu, on n’a rien volé !

Marie : Alors vous avez donné plus que ce que vous pensez !

La voleuse 1 : Personne ne nous aime voilà pourquoi nous sommes voleuses.

La voleuse 2 : Nous sommes bohémiennes et couchons au hasard des routes, dans des grottes, sous des ponts…

Marie : Le petit aussi est né dans une grotte. Et comme tout le monde l’aime lui, tout le monde peut vous aimer vous !

  • Les deux voleuses se mettent assises à côté de la crèche.

Le vieux berger : Et voici le pécheur et sa femme la marchande de poissons.

Le pécheur : Je vous ai apporté une belle bouillabaisse péchée de ce matin au large. Et je vous souhaite plus de plaisir à la manger que je n’ai eu à la pêcher.

La marchande : Peuchère ! C’est vrai! Mon homme est tous les jours levé à l’aube et tout de suite en mer pour poser les filets. Parfois il a envie de tout plaquer mais comme je lui dis : « de quoi on vivra si tu fais plus pécheur ? »

Le pécheur : Je fais un rude métier vous savez ! Mais je ne sais rien faire d’autre, et à mon âge je vais pas apprendre un autre métier !

Marie : Rassurez-vous ! Le petit est venu pour que tous les hommes, même les pécheurs, aiment mieux leur métier. Et c’est d’ailleurs un pécheur qu’il choisira pour éclairer le monde !

  • Le couple se place derrière avec ses cadeaux.

Le vieux berger : Et voici le chasseur.

Le chasseur : Je suis venu vous porter ce lièvre. Vous pourrez le faire en civet, avec un peu de vin blanc c’est excellent… Mais j’ai un peu honte !

Joseph : Tu as honte? Pourquoi Chasseur ?

Le chasseur : Et bien voilà : vous ne vous moquerez pas ? (il regarde vers Joseph qui fait non de la tête) Je suis sentimental ! Et en même temps je suis chasseur ! Je tue des bêtes ! Mais en même temps j’ai de la peine ! J’ai l’impression que les bêtes m’en veulent !

Joseph : Je suis sûr que ce lièvre t’a pardonné, va !

Le chasseur : Et moi j’ai bien peur que non ! Il a le droit de me haïr car c’est mon métier d’être chasseur. Pourtant il y a des animaux si jolis comme un petit oiseau…

Marie : Un jour, un homme dira : « mes frères les oiseaux ! »

Le chasseur : Notez qu’il faut faire la différence, parce qu’il y a des bêtes féroces comme le loup, tenez !

Marie : Non, le loup viendra lécher les mains de cet homme !

  • Le chasseur va se placer derrière.

Le vieux berger : Cet homme s’appellera François d’Assise… Un saint et un poète ! C’est lui qui aura l’idée, pour Noël, de représenter l’Enfant, Joseph et Marie dans une étable au milieu de l’âne et du bœuf, recevant l’hommage des bergers et de tous les gens du village. Cette idée viendra jusque chez nous. Et vous l’avez devant les yeux en ce moment : c’est la crèche ! Avec tous ces personnages colorés et naïfs qui viennent de partout. Ah ! Mais voici monsieur le maire !

  • Le maire arrive et serre des mains autour de lui.

Le maire : Le maire ne dira rien, parce que la naissance du petit, ici à Béthélem, jamais on n’aurait pu espérer un plus grand honneur pour la commune. À ce sujet, j’ai tout de même préparé un petit discours qui… (tout en parlant, le maire a commencé à ouvrir son discours et se fait couper la parole).

Tous (sauf Joseph et Marie) : Oh non !

Le maire : Comment ? Vous ne voulez pas entendre mon discours ? C’est que… je n’ai rien apporté d’autre, moi, comme cadeau…

Joseph : Tu nous offres l’hospitalité, monsieur le maire, et c’est un beau cadeau !

  • Le maire replie son discours et part se ranger en haussant les épaules.

Le vieux berger : Et voici encore le pâtissier.

  • Le pâtissier s’avance.

Le pâtissier : Je vous ai apporté ma spécialité : quelques petits pâtés de Pézenas. C’est de la viande de mouton cuisinée avec du sucre roux et un zeste de citron ! Mangez-les de préférence chauds… C’est un délice !

Joseph : Je te remercie, Pâtissier.

  • Il va se placer avec les autres.

Le vieux berger : Et voilà comment Jésus est né à Béthélem, petit village transporté dans nos garrigues qui embaument le thym ! Tous les personnages que vous avez vus, venant vers l’étable, y resteront longtemps, très longtemps ! Ils y verront arriver trois hommes richement habillés et venant de très loin, si loin qu’il leur faudra plusieurs jours de voyage en suivant l’Étoile !

  • Tous regardent au loin, montrent du doigt ou font visière avec leurs mains, font des remarques muettes… Chacun paraît bouger, discuter avec son voisin, comparer son cadeau… Et tout à coup…

Le vieux berger : Alors, comme pour rendre un hommage éternel au petit, tous ces personnages deviendront immobiles, figés avec leurs cadeaux, leur bonne humeur, et leur bonne volonté toute neuve qui restera toute neuve malgré les années, malgré les siècles… (Tous se fixent). Chez nous on les appelle des petits saints et en provençal ça se dit des santons. ET MAINTENANT QUE LA JOIE ÉCLATE DANS LES CŒURS : « VIVE L’ENFANT DIEU. »

TOUS : VIVE L’ENFANT DIEU ! (Tous gardent encore la pause quelques secondes et en levant les mains au ciel, ils répètent alors) :  VIVE L’ENFANT DIEU !


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